Incompréhension partielle d’un public d’à peine 30 personnes peu concernées, dégoût de la part des Arsonists envers ce semblant d’organisation bâclée ; c’est dans un climat tendu que j’interroge le crew dont les maxis sont déjà des classiques de l’underground, à l’aube de la sortie de leur album As the World Burns.

D’où venez vous et quels ont été vos premiers pas dans la culture Hip-Hop ?

On vient de la "Planet Rock" (titre de l’un des premiers maxis du vétéran new-yorkais fondateur de la Zulu Nation Afrika Bambaataa) et notre découverte du hip hop s’est faite à travers la danse et le emceeing. Sinon, tous les membres des Arsonists font partie du Rock Steady Crew, et nous sommes le groupe de MCs officiel du RSC. Q-Unique était le seul à faire partie du Rock Steady à la base, et ce depuis 1989. En 93 quand les Arsonists se sont formés, Crazy Legz (la tête pensante du RCS) nous a remarqué, et a trouvé notre approche de la culture hip hop intéressante. Il nous a demandé si l’on souhaitait faire partie du Crew, et on a accepté.

Vous avez déjà beaucoup tourné à travers l’Europe, notamment en Allemagne et en Scandinavie, quelles sont les différences et les similitudes que vous avez pu remarquer entre les visions européennes et américaines du hip hop ?

Disons que lorsque l’on fait un show à New York, les gens viennent nous voir avec un certain à priori, certains sont fiers, et n’osent pas se lâcher, alors qu’en Europe, ce qui est formidable c’est que partout où on a pu aller, les gens ont toujours su apprécier notre performance sans se soucier de qui va penser quoi. Nous avons eu l’occasion de rencontrer des groupes Européens comme IAM et La Mixture de France, ainsi que Massive Tone et Torch d’Allemagne, sans oublier LoopTroop de Suède, à chaque fois le feeling est bien passé. Aujourd’hui le hip hop est partout, et son esprit se déplace à travers les ondes radio à l’intérieur de chaque être humain.

Vous venez juste de signer avec le label plutôt orienté "rock alternatif" Matador Records, comment s’est effectuée cette signature ?

Les gens de Matador sont tout simplement allés au magasin de disques Fat Beats à New York, ils sont tombés sur l’un de nos disques, ils ont accroché, ils se sont débrouillés pour rentrer en contact avec nous et on s’est retrouvés à être la première signature hip hop du label. Le label est un label alternatif, mais nous ne nous considérons pas forcément comme un groupe de hip hop alternatif. Ni alternatif, ni old school, ni new school, on refuse ce genre d’étiquettes, on fait juste du pur hip hop et rien de plus.

Quels sont les producteurs et les invités, sur l’album à venir ?

Nous nous sommes occupés nous-mêmes des productions de l’album, Freestyle, D-Stroy et Q-Unique se sont chargés de réaliser l’ensemble des sons. Les gens se sont trop habitués aux featurings entre groupes. Ce que les gens veulent savoir en premier lorsqu’ils achètent un album, c’est qui est en featuring, qui a produit des morceaux etc... Nous n’avons pas le sentiment d’avoir de handicaps, on s’est sentis prêts à assurer tous seuls sur l’intégralité de l’album, on a eu besoin d’aucun faire-valoir.

Quels sont les projets du groupe, en dehors de l’album ?

Freestyle forme avec son cousin Shabazz the Disciple (affilié au Wu-Tang NDLR) le groupe Celestial Souljahs qui sortira normalement quelque chose l’année prochaine. D-Stroy travaille sur un solo, ainsi que Swel. Jise travaille avec un ancien membre des Arsonists, Kinetic Energy, et Q-Unique travaille sur des break beats et des mixtapes. On se penche aussi sur un album du Rock Steady Crew, c’est quelque chose qui ne s’est pas fait depuis 1982... Ecris-le ! si quelqu’un nous pique l’idée entre-temps au moins ce sera écrit dans ton magazine.

Le mot de la fin ?

Q-Unique : Dites non à la drogue. (Rires)

L’album sort le 13 juillet, il s’intitule As the World Burns, allez l’acheter ; il sort sur Matador records. Big Up à Fondle Em records pour toujours.

Freestyle : Juste une derniere chose, je voulais rappeler à tous les hip-hoppers de France la différence entre le hip hop et le rap. Le rap est un business, les gens font de l’argent avec, mais le hip hop est la base. Cette base ne mourra jamais, même si les rappeurs vont et viennent, les vrais hip-hoppers resteront toujours là, et si ce que je dis pose problème à qui que ce soit, j’assume, que les gens qui se sentent concernés viennent me voir.