Shadow / Mush :: 2002 :: acheter ce disque

Allons-y, plongeons donc dans l'avant-garde du hip-hop que-même-Gilles-Peterson-y-kiffe (dixit le speech au dos). Là, première mauvaise surprise : tous les titres ont déjà été sortis, pas l'ombre d'une rareté, du titre qui pourra "faire exploser votre ego" (cf. Bambaataa) lors de vos longues réunions de Cratedigger Anticonien Hardcore tm. Bon. Neutrino ouvre le bal, suivi de près par Lulu Mushi et Fat Jon et là, de suite un doute atroce vous assaillit : n'aurais-je pas sous-estimé le pouvoir explicite de la pochette ? Ne s'agirait-il pas VRAIMENT d'une compile lounge ? Et que fait Glenn Underground, chantre de la deep house chicagoanne chiante et cheesy à souhait (genre solos de sax au km et ambiance porno soft) au milieu de Dose One et Aesop Rock ?

Une écoute accélérée du cd s'impose: mouais... mouais... mouais... Résultat: 50/50.

Soyons constructifs: sautons les loungeries plus ou moins insipides (rajoutez à la liste J-Cru, Nickodemus et le duo Boom Bip/Osiris qui se sont pris pour St Germain - la même boucle jazzy house sur 6 min. !) et concentrons-nous sur le reste. Clouddead nous ressort son "Dead Dog" version album : pas mal mais plutôt insignifiant comparé à la version de la Peel Session. Reaching Quiet, soient les mêmes sans Dose déçoivent avec un track psyché rock-lofi (jusque ici rien de bien original) aux réminiscences 80's ou "commment mal utiliser un clavier en rajoutant deux voix superposées".

Pour prouver que je ne suis pas de mauvaise foi, faisons un détour par le dernier morceau : "The Birdcatcher's Return" de Dose et Boom Bip extrait du bientôt culte Circle ou "comment tout déchirer en s'essayant au même exercice". Résultat: une perle, un exemple à montrer dans toutes les écoles de hip hop, le sommet du skeud sans conteste.

Continuons : Jel signe une instru progressive plutôt sympathique, les So-Called Artists offrent LE tube de la sélection avec "So You Wanna Be..." qui vous restera en tête quelques jours. Sole y souligne une fois de plus sa modestie inégalable ("I'm not tryin' to say 'I'm better than you', I'm just sayin': I'm better than you").

Puis Aesop Rock vient calmer le jeu avec son "Big Bang" tout en finesse, boucle de guitare acoustique et accompagnement corde mettant en valeur son flow. Labtekwon, prototype du rappeur "conscient et chrétien" ne se foule pas trop avec une instru minimale pas bien passionnante sur la longueur. Hop, on saute trois morceaux (dont le Glenn Underground, sommet incontesté de la niaiserie) pour atterrir chez Radioinactive et son débit supersonique posé cette fois-ci sur une instru "orientalisante", d'ailleurs, je n'invente rien, le track s'appelle "Pyramidi".

On se laisse bercer tranquillement sur le Nil jusque chez The Pedestrian (encore un anticonien échappé). "Primes" est particulier: seule une rythmique au djembe soutient son flow agressif ce qui nous laisse présager d'un ennui probable quand vient tout à coup s'infiltrer au milieu du morceau une impro (?) de sax donnant vers le free jazz, finalement bien salvateur pour l'intérêt du morceau.

Enfin, "Hi, this is Odd Nosdam and I'm gonna drop beats for you". On retrouve Odd pour la troisième fois et celle-ci, c'est la bonne: 1'45 de plaisir simple provenant de Plan 9 avec un sample radiophonique de barrio couplé à un beat sans prétention mais intelligemment décalé qui change brusquement pour débouler sur un piano, bref du bidouillage sympathique et de bon goût. En conclusion, Filmstrip n'a aucun intérêt pour vous si vous possédez déjà Float, Circle, Plan 9 ou Paint By Number Songs. Le cas échéant procurez-vous plutôt ces albums plutôt que la compile sauf si vous cherchez un digne successeur dans votre discothèque à vos 23 volumes d'Hôtel Costes (pour vos barbecues en famille).