Propos recueillis par Nemanja et dEtEcT

Peux-tu nous parler de ton album à venir, éventuellement du single, ainsi que de la signification du titre ?

L’album s’apelle Signal to Noise, et c’est mon premier album solo. Comme son nom l’indique, c’est en fait tout le procédé qui consiste à utiliser un signal dans sa conception physique pour en arriver à un son, puis une succession de sons donnant une mélodie. L’idée est là, c’est d’utiliser un certain type de sons et de sonorités, qui sont pour certaines agressives, d’autres plus posées, pour en arriver à un amalgame, une suite de sons, qui donnent eux-mêmes une mélodie, dans un type d’univers différent à chaque fois, mais qui a quand même une liaison et une homogénéité. C’est un mélange de breakbeats sauvages, de rock psychédéliques, et d’electro funk qui donnent une sorte de symphonie qui serait un peu la bande originale d’un film. Après, à chacun d’écouter, d’y trouver ce qui lui semble intéressant, ce qui le retient, ce que ça évoque pour lui, chacun des titres ayant une signification propre au morceau, ou au son, ou à l’univers qu’il développe.

Dans l’album, as-tu essayé d’expérimenter des sons, de faire des choses que tu n’as jamais faites encore, ou est-ce dans la continuité de ce que tu faisais avant, en plus fouillé ?

Je crois qu’à travers ce que je fais et ce que j’ai montré jusque là, ma force et mon art c’est l’éclectisme. Signal to Noise n’est pas à part par rapport à ce que j’ai fait avant. Au contraire, c’est un projet-concept dans sa globalité, et est comme tout ce que j’entends faire depuis le début, comme Le Voyage Fantastique, qui est un projet conçu comme ayant une ligne directrice motivée par un univers, et des sons qui sont développés autour d’un visuel, des gens, etc. C’est un petit peu ce que j’ai fait aussi à travers Signal to Noise, à savoir développer un produit dont le concept est fort, solide, massif, et qui est censé t’arriver dans la tête et tu le prends un peu comme tu le sens. Maintenant, c’est pas dysharmonieux par rapport à ce que j’ai fait avant, c’est simplement une progression qui permet aussi de montrer un panel différent du travail que je fais, et qui pour le coup, est purement instrumental, et pas accompagné d’MC’s, qui permet par conséquent de voir la musicalité de ce que je fais, puisque je suis avant tout musicien, et pas producteur de rap. Disons que Signal to Noise est un album de musique électronique tout simplement, et pas un album de rap instrumental.

Au niveau des sons, tu compares l’album au Voyage Fantastique, cela signifie-t-il que pour Signal to Noise il y a tout un univers, par exemple au niveau de la pochette ?

Absolument. Comme la plupart de mes projets, tout est conçu de A jusqu’à Z, avec un concept, j’irai même jusqu’à te parler du marketing, parce que je pense que de toute façon, aujourd’hui la force d’un projet quel qu’il soit, c’est justement le fait qu’il s’inscrive dans une idée d’objet unique, un petit peu comme un tableau, tableau qui lui-même s’inscrit dans une suite d’autres tableaux, qui eux-mêmes forment la carrière d’un peintre. C’est un peu ce que j’essaie de développer au travers de ce que je fais, parce que Le Voyage Fantastique s’inscrit dans un certain registre, mais en même temps n’est pas à l’encontre de ce que j’ai fait après, qui est simplement un aspect différent de mon travail, mais qui reste de toute façon de la musique.

La pochette est déjà faite ?

La pochette est en fabrication... en sachant qu’on teste différents types de packaging pour voir comment on va balancer le truc.

Tu nous disais que le single, tout comme ton nom, ont un rapport direct avec la bande dessiné, ne cultives-tu pas cet univers si particulier ?

Oui, c’est évident. Même plus par rapport aux dessins animés, parce que je suis un fan de dessins animés. Pas du tout les dessins animés cartoonesques, je ne suis pas un aficionados de Bugs Bunny, ou ce genre de trucs... pas une miette. Mais j’aime beaucoup les longs métrages dessins animés. Je pense aux Maîtres du Temps, La Planète Sauvage, ce genre de trucs, qui ont su développer de vrais univers, parfois glauques, parfois oniriques, parfois teintés d’une réflexion. Le Roi et l’Oiseau par exemple, que je trouve assez remarquable par son trait, et son côté précurseur, vu la date de sa sortie. C’est aussi un univers que j’aime parce que c’est coloré, et parce que je pense que mon univers est assez coloré, il est à l’image de l’endroit où je suis né. Les choses sont hautes en couleurs, et qui dit "hautes en couleur" dit "les émotions ne sont pas données à demi-mesure". Quand je fais quelque chose, si violence il y a, la violence est poussée à son paroxysme, et il y a pas de demi-mesure, donc la violence en terme sonore est poussée à son extrême, aussi bien quand il y a une période de calme, il y a cette latence qu’on peut entendre, et puis on passe de périodes en périodes, comme les périodes de la vie finalement. C’est une des raisons pour lesquelles j’aime bien les dessins animés, parce que c’est un moyen de transfigurer un univers enfantin pour le transformer en un univers plus adulte et nous amener à réfléchir sur des choses différentes.

Par rapport à mon alias du début, Flash Gordon, c’était pour le côté décalé par rapport à l’univers rap traditionnel dont on a l’habitude, avec des alias assez courant. J’ai dû laissé tomber suite à des problèmes de droit, N..., pour développer le nom de Flash tout simplement.

Et par rapport au crate-digging, est-ce un côté qui se retrouve sur l’album ?

Absolument. A fond. Toujours. Comme d’habitude. C’est ma drogue. "Vinyl is my essence". C’est vraiment le truc dont je ne peux me passer. Ca fait partie de mon boulot, c’est 50/50. 50% de prods, 50% de business de disques. D’abord parce que c’est une passion, avant d’être un business, et puis parce que c’est vrai que c’est un petit peu ce que j’essaie de mettre en avant dans mes prods, sans que ce soit une priorité. Pour moi, c’est une passion, après, quelqu’un qui fait du son n’a pas forcément ni l’envie, ni le besoin, ni ne peut (parce que ça coûte assez cher) s’acheter des disques, surtout des disques rares. Et puis, de toute façon, c’est une battle entre les quelques personnes qui font du crate digging et qui disent "ah ouais putain, lui il a ça, moi j’ai ça", mais ça ne se joue qu’au niveau des aficionados et finalement ce qui est important et ce qui compte, c’est que le son soit là à l’arrivée. Tout le monde se fout éperdument de savoir que c’est un disque à 700 balles ou à 50 francs qui tourne sur la platine, l’essentiel c’est que le son soit là. Donc c’est pas ce que je recherche, mais c’est vrai qu’en même temps j’essaie de le développer, de le faire, et c’est mon gagne-pain, de montrer aussi des choses que tout le monde n’a pas forcément, parce que j’ai pas envie de me retrouver avec les mêmes sons, influencés par les mêmes ambiances, etc...

Envisages-tu dans l’avenir de faire des collaborations avec des américains, que ce soit des rappeurs, ou autres ?

Bien sûr, c’est le cas sur Signal to Noise, surtout, qu’a fortiori cet album s’inscrit directement dans une perspective internationale. Qui dit "internationale" dit "anglophone". Si tu veux toucher un public large aujourd’hui, tu ne peux pas trop te permettre d’avoir textuellement quelque chose de francophone parce que sinon tu risques de toucher que les pays francophones, ce qui est un peu limitatif, sans dénigrer du tout l’aspect français, parce que je suis quand même français avant tout.

Et il n’y a pas de noms ? (rires)

Il y a des choses en pourparlers. Par exemple, j’ai développé un projet avec pas mal d’artistes de la scène électronique internationale où on m’a demandé de conceptualiser tout l’habillage de A jusqu’à Z de tout l’album, donc tout ce qui est la liaison entre chacun des morceaux, et tout ce qui va faire la structure et le canevas lui-même de l’album. C’est des gens de la scène électronique internationale, qui ne sont pas du tout affiliés à la scène hip hop qu’on connaît, ni anglaise, ni américaine. Ca me permet de naviguer dans différents courants, puisque ce que je fais c’est avant tout de la musique, pas du hip hop spécifiquement. C’est intéressant de toute façon de se mélanger, de voir un peu ce que donne cette alchimie.

Donc c’est plus des personnes de la scène electronique...

Tu les veux tes noms toi ! (rires) Il y a des choses, mais c’est difficile de vous dire précisément avec qui, pour quoi, comment, parce qu’il s’agit de deals, et que c’est très délicat de t’annoncer comme ça ce qui se fait ou ce qui va se faire, tout simplement parce qu’en ce qui me concerne, il y a cette volonté de ne pas vous trahir, et trahir les gens qui seraient susceptible d’écouter ce que je fais. Mais, les deals sont là, vous me connaissez, vous avez vu ce que j’ai fais auparavant, Mike ladd n’est pas venu par la voie du seigneur seule, donc des choses sont en train de se faire.

Et éventuellement, des gens avec qui tu aimerais travailler plus tard ?

Il y a pas mal de gens avec qui je pourrais ou j’aurai envie de travailler. Maintenant, chaque chose en son temps. Ce qui se fera sur Signal to Noise, c’est des souhaits, des envies, qui se concrétiseront, et d’autres se feront, je pense, par la suite, parce que c’est une évolution normale de la carrière de n’importe quel musicien. J’espère aussi qu’il y aura des participations inattendues à des projets. Le cas de cet album de musiques électroniques dont je parlais tout à l’heure, c’était pas du tout prévu, c’est arrivé un peu comme ça, en même temps amené par Le Voyage Fantastique, donc quelque chose d’assez surprenant, et à la fois frais, parce que pas forcément un univers que je connais super bien. De toute façon, toute expérience musicale est intéressante, maintenant c’est vrai qu’il y a des gens que j’aime particulièrement ,avec qui j’aimerais faire quelque chose, mais je ne suis pas arrêté sur des idées où je pourrais te dire "oui voilà, j’aimerai travailler avec untel", parce que je crois qu’il faut laisser l’alchimie se faire et que les choses se font avec certaines personnes parce qu’elles devaient se faire. Ca se fait assez naturellement en fait.

Sinon, par rapport au Voyage Fantastique, l’histoire de ce projet, les retours que tu en as eu, à quoi exactement a servi ce projet, à qui était-il destiné ?

Les origines de ce disque sont simples. C’était une volonté personnelle, et ça l’est encore, parce que, - attention exclusivité messieurs- c’est qu’il y aura une suite au Voyage Fantastique, sous la même forme, ou sous une forme différente, qui conduiront peut-être au merveilleux voyage de Mr. Flash, avec des choses un peu du même acabit. Ensuite, pour ce qui est du projet, après ce que je vous ai dit sur l’univers dessin animé, qui me tient à coeur, parce que j’ai navigué dans cet univers des petits disques pour enfants, parce que j’en ai énormément, et que par conséquent j’ai beaucoup écouté quand j’étais petit, (comme beaucoup de personnes de mon âge) parce que ça me correspond au niveau émotionnel, au niveau de ce que j’ai pu engrangé quand j’étais enfant.

Après, l’impact du 45 tours a été plus important que ce que je pensais. Personnellement, je savais qu’on tenait un produit bien, mais il a été navigué dans des endroits assez intéressants, on a eu des bons retour presse. Ca m’a justement amené à des contacts variés.

L’objet du 45t c’était d’essayer d’amener un type de produits différent, qu’on a essayé de faire dans une certaine optique de qualité, pour amener un buzz par rapport à ce que je faisais, et montrer le type de boulot que je faisais.

Est-ce que tu l’as envoyé à d’autres crate-diggers, je pense à des gens comme DJ Shadow, enfin à moindre échelle ? Et si tu as eu des retours ?

Bien sûr, à Soulman, qui est un crate digger assez connu , par exemple. D’ailleurs si tu vas sur son site (http://www.worldofbeats.com, NDLR) , il en parle. De plus, il ne l’a pas eu par moi, mais par personne interposé. Un crate digger belge que je connais très très bien, avec qui je suis pote, lui a envoyé, et a priori ça lui a bien plu parce qu’il en a parlé sur son site. Je crois savoir que chez Mo’ Wax ils l’ont, enfin dans la clique de Shadow. Je dis « je crois » parce qu’en meme temps la promo qui s’est occupé de ça, je ne suis pas au courant de tout les endroits auxquels ils ont envoyé le disque. Mais je crois savoir que Latyrx l’a eu. Je sais que De la Soul l’a. Pas mal de gens l’ont. Quand je dis pas mal de gens, il y a des gens, je vais dire pointus, qui l’ont eu, je peux pas dire « pas mal de gens », vu qu’il n’y a que 1000 exemplaires. Mais j’ai eu de très très bon échos, même dans la presse internationale, que ce soit dans Dazed and Confused ou Str8 no Chaser. Dans Dazed, on a quand même été single of the month, dans les premières pages. Quand tu as Le Voyage Fantastique avec David Axelrod à côté, c’est pas mal.

Au niveau des artistes présents sur Le Voyage Fantastique, comment s’est faite la décision ?

En ce qui concerne Mike Ladd, on avait des amis en commun. Puis on s’est rencontrés sur Paris, et moi j’aimais bien ce qu’il faisait, particulièrement tout ce qui est black poetry. On a tout simplement passé une soirée ensemble à écouter de la musique au coin du feu, et puis il a bien flashé, je pense, sur le titre qu’est devenu après ‘Basmentized Soul’. On s’est bien entendus, et le truc s’est fait comme ça. Après, en ce qui concerne la réunion Psychotron, elle s’est faite de manière naturelle, par rapport aux gens avec qui je travaillais.

En ce qui concerne Lust Island (http://www.lust-island.com), le label, vous avez des projets ?

Le projet principal c’est évidemment Signal to Noise. Le Voyage Fantastique était déjà une coproduction Anthologeek/Lust Island , et ce sera la même pour Signal to Noise, donc c’est une coproduction, pour l’instant indépendante. En ce qui concerne l’évolution, moi j’ai juste crée l’image Lust Island, la marque, qui maintenant est propriétaire de mes droits musicaux, donc elle s’occupe et va monter le projet de Signal to Noise avec Anthologeek. Ca serait mentir que de dire qu’on a des vues sur d’autres artistes ou des prévisions de s’occuper d’artistes, parce que de toute façon, on est dans le développement de l’album à venir. Il est bien évident qu’avant de pouvoir se pencher sur des artistes nouveaux ou de développer des artistes de manière correcte et cohérente il faut pouvoir avoir des bases solides, donc c’est ce qu’on essaie d’amener, une image carrée avec des visuels léchés, des produits de qualités, et que les gens soient satisfaits quand ils achètent nos produits.

Au niveau de l’album de TTC, tu as produits plusieurs morceaux. Peux tu nous dire les différentes ambiances, les différents types de production que tu as fait pour l’album ?

Je crois savoir que l’album de TTC a changé entre temps niveau tracklisting, etc... A l’origine j’ai fait 9 productions pour l’album. 3 sont sorties en maxi : "Leguman", "Subway", "Coffee Shop". La prochaine c’est "Champagne sans Bulles" si je ne m’abuse. Je sais pas trop exactement quelles sont les personnes impliquées sur la suite de l’album de TTC, il faut leur demander directement. Au niveau des ambiances, autant Signal to Noise est un développement personnel, autant sur l’album de TTC, j’ai amené un certain type de sons qui ont été sélectionnés par des MC’s. Donc, c’est plus un travail de commande je dirais, bien que ça n’en soit pas un, vu que ce ne sont pas des sons qui ont été développé à la base sur un texte de rappeur. Les rappeurs sont venus, ont sélectionné un certain nombre de sons par rapport à un certain nombre de sujets, après on a fait évolué le morceau en fonction de ça. Je crois qu’à travers les morceaux qu’on a entendu de TTC, chacun des sons est à l’image des textes de TTC, aussi bien "Subway", qui symbolise à mon sens assez bien ce côté sordide du métro parisien un peu oppressant. En tout cas, c’est ce que j’ai essayé de développer. J’espère que ça a fonctionné. Puis, l’idée pour TTC, qui est tout à fait légitime, c’était d’arriver avec un maximum de sons variés et de couleurs différentes pour leur permettre de montrer pleinement leur univers. Moi, raisonnablement, mon boulot a été d’essayer de coller à ça et de m’adapter un maximum à ce qu’ils ont voulu développer. Ce qui n’est pas forcément la même chose sur Signal to Noise même si la volonté est de montrer, avec un fil conducteur, cet éclectisme dans les sons, mais à la différence qu’ici la volonté est vraiment personnelle, parce qu’elle ne fait appel qu’à moi.

Ces derniers temps, beaucoup de projets instrumentaux sortent, je pense à des gens comme Prefuse 73, ou en France à DJ Tacteel. Que penses-tu de cette nouvelle "mode" de projets instrumentaux mélangeant un peu le style hip hop et la musique électronique ? Est-ce que tu t’identifies à ça ?

C’est difficile d’en parler. Je ne suis peut-être pas un spécialiste pour en parler. A travers mon travail, qui me prend beaucoup de temps, que ce soit les prods, ou rechercher des disques, c’est pas forcément évident de se pencher sur l’actualité musicale et écouter vraiment ce qui se fait. Prefuse, je connais, parce que j’ai déjà entendu évidemment. Tacteel, j’ai pas entendu, donc c’est difficile d’en parler, et hélas, parce que, comme je te l’ai dit, je n’ai pas forcément le temps de m’y pencher. Entre faire mes prods et chercher des disques, ce qui m’oblige parfois à faire des traversées assez longues, je ne trouve pas toujours le temps, et donc entre ces périodes là, j’ai pas forcément envie de me plonger à fond dans l’actualité musicale mais plutôt d’écouter les disques que j’ai acheté. Je suis au fait de certaines choses qui tournent, mais c’est pas évident de te dire si je suis dedans ou pas, est-ce que je peux me comparer à untel ou untel. Je pense que c’est au public de se mettre dedans, et d’y puiser ce qu’il lui plaît, ce qu’il aime. De toute façon, la musique reste de la musique avant d’être du rap ou de la musique électronique.

Quelles sont tes influences ?

Mes influences c’est le cinéma évidemment, les images globalement, l’univers onirique que j’aime bien, tout cet aspect rêve qui est assez intéressant. Etant donné qu’on fait pas de la musique ex nihilo, et qu’on fait de la musique à partir de choses qu’on a déjà écouté et auxquelles on est forcément sensible, ça serait mentir que de dire "ouais les gars j’ai fait de la musique comme ça, que j’ai totalement créé, sur les bases d’accords jamais joués", c’est faux. On est de toute façon pertinemment influencés par des choses, même si on sait que c’est pas exactement telle ligne de basse, de piano... Musicalement, j’essaie de puiser vraiment un maximum de choses aussi bien dans la lecture, que dans ce que j’ai pu vivre, que des images récurrentes dans ma tête, ou des sons qui m’ont influencés, que je vais retranscrire à ma manière, par rapport à mes souvenirs.

C’est ce qu’on retrouve dans Lost Highway par exemple...

Justement, j’allais en venir à ça. Le souvenir est l’interprétation que je fais moi de quelque chose que j’ai apprécié, donc c’est totalement subjectif. Ca serait comme le souvenir d’un parfum que tu peux avoir senti à un moment donné de ta vie et tu vas essayer d’en retranscrire les saveurs. C’est un peu la même chose que j’essaie de faire avec la musique, donc ça serait mentir que de dire que je ne le fais pas sur la base de quelque chose, mais en même temps j’essaie d’amener un côté original, je l’espère en tout cas, à travers ce que je créé.

Le cinéma tu t’y intéresses beaucoup ?

Oui, c’est difficile pour moi de ne pas aller au cinéma assez régulièrement, donc c’est vrai que j’aime bien quel que soit le type de films. Le dernier que j’ai vu c’est Vanilla Sky, qui traite d’ailleurs totalement de cet aspect schizophrène. Je pense que c’est un mélange d’un tas de choses qu’on connaît, et qui nous touchent tous, avec justement ce souvenir de choses perdues et dont on a du mal à se détacher puis à essayer de retrouver. Quelque part, c’est un petit peu ce que j’essaye de véhiculer dans le son, c’est retrouver certaines émotions que j’ai pu avoir à un moment donné et que j’essaye de retranscrire par la musique. C’est peut-être en même temps une cure pour moi. Je pense de toute façon que la musique c’est un exutoire, et qu’aussi bien la violence, l’amour peuvent s’y retrouver.

Et, tu n’as jamais pensé à faire une bande originale de film ?

Outre le fait que j’ai fait de la musique quand j’étais enfant, comme d’autres font du dessin, le cinéma est mon premier métier. En fait, j’étais machino, je m’occupais de tout ce qui est mouvement de cameras. Je bossais avec une équipe, j’ai écris plusieurs scénario, on a bossé à plusieurs niveaux : le long métrage, la pub, etc. Et en même temps, j’avais un projet musical qui me tenait à coeur depuis un moment, et cette envie de réalisation. C’est aussi l’évidence même qu’il y ait cette influence récurrente de l’image et du son et de tout ce que ça peut renvoyer. Evidemment que mon son et le type de chose que je développe se tourne à un moment donné vers un mariage image/son, pourquoi pas une Bande Originale de film.

Est ce que lorsque tu produis tu vois immédiatement des images en tête ?

Oui, assez. Assez, parce que j’ai besoin de ce support, et j’ai souvent besoin d’un support, et comme je l’ai dit tout à l’heure d’un support émotionnel pour développer quelque chose. J’ai besoin d’être dans un état particulier pour développer un son. Et quand je développe un son, ce son généralement évoque quelque chose chez moi et c’est ce que j’essaye d’amener dans ce que je fais. Donc, j’en ai besoin, mais en même temps, j’ai pas besoin de voir un film pour que ça amène quelque chose chez moi, mais un film peut amener quelque chose de musical, et quelque chose de musical peut être ramené par rapport à un souvenir ou une évocation que j’ai eue.

Et ça on pourra le ressentir sur Signal to Noise ?

Tu pourras le ressentir sur l’album, et je pense que c’est assez significatif sur "Radar Rider" par exemple, cet aspect un petit peu arrivée foudroyante, qu’on retrouve sur le morceau, qui n’a pas été choisi innocemment pour premier single. On le retrouve aussi sur "Yellow Green Road" qui développe un univers de road movie de nuit très lié à Lost Highway.

Donc chaque morceau a un thème ou pas forcément ?

Chaque morceau, a priori, aura un thème si tenté qu’il évoque quelque chose chez chacune des personnes qui va l’écouter.

On peut retrouver un thème par rapport au titre...

C’est un peu comme un livre. Chaque personne qui lit un bouquin, lorsqu’elle voit l’adaptation au cinéma, elle est pas forcément fidèle par rapport à ce qu’elle avait dans la tête. Là, la musique est associée à des titres, un passif qui est le mien, l’histoire c’est à vous de la faire.