Rawkus :: 1998 :: acheter ce disque
Plongeant fièrement ses racines dans l'art lyrique des Last Poets, dans un afro-centrisme réfléchi (Black Star fut le nom du projet de rapatriement des noirs américains en Afrique mis en place par Marcus Garvey), dans le rap positif des Native Tongues (auxquelles Mos Def est affilié) et dans le meilleur reggae (la pochette, le titre "Definition"), le duo Black Star a réussi à porter très haut le principe d'un "conscious rap" farouchement hostile à toutes les dérives récentes du hip hop.
Même si l'auditeur francophone risque de perdre bonne partie des prouesses lyriques des deux MC's de Brooklyn, force est de reconnaître que le duo est parfaitement complémentaire. A Mos Def, le rôle du redoutable performer, à Talib Kweli, celui du poète fragile et introverti. La production, elle, est laissée à toute une escouade de collaborateurs : l'excellent DJ Hi Tek signe les compositions les plus marquantes, et 88 Keys, Mr. Walt ou Talib Kweli lui-même, se partagent avantageusement le reste. Seul le travail de Shawn J. Periods, trop lisse, laisse parfois à désirer.
Par sa faute, peut-être, Black Star n'est pas le classique intégral dont certains ont parlé. On se souviendra pourtant longtemps d'une pure splendeur comme cette ôde à la ville qu'est "Respiration" :
So much on my mind
that I can't recline
blast the holes in the night
'til she bled sunshine
breath in
inhale the vapors from bright stars that shine
breath out
weed smoke retrace the skyline
heard the bass ride out like an ancient mating call
I can't take it yall
I can feel the city breathing
Sans doute l'un des titres les plus puissamment évocateurs jamais livrés par le hip hop.