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A première écoute, le disque donne dans un rap aux saveurs old school des plus classiques. Des rappeurs excités se livrent à leurs prouesses verbales sur un rythme rapide, avec les scratches de circonstance de DJ Moe Love, et des beats minimaux et funky. Très funky, jusque sur "Travelling at the Speed of Thought", nécessaire exercice hard rock où l'on sample du… Motörhead. Pourtant, contrairement à nombre d'œuvres du même temps, le disque a conservé toute son urgence et sa fraîcheur, il ne montre quasiment aucun signe de vieillissement.

C'est qu'à l'époque, Critical Beatdown annonçait les évolutions futures du hip-hop et des autres pans de la DJ culture, avant tout par l'utilisation systématique du sampler, devenu un instrument à part entière. Kool Keith lui vole la vedette, mais le responsable du son exceptionnel de Critical Beatdown, c'est Ced Gee, rappeur et producteur, qui a poursuivi ici le travail mené dans l'ombre sur le Criminal Minded de Boogie Down Productions. Tout le long de 15 morceaux tous irréprochables, cet album multiplie les audaces. Les rimes complexes qui sont la marque de fabrique de Kool Keith, les paroles allumées de cet ancien malade psychiatrique, s'accompagnent d'effets musicaux audacieux : ruptures au milieu des morceaux, samples utilisés plus savamment qu'en boucle, irruption soudaine d'une batterie folle.

Le Bomb Squad a admis l'influence de cet album sur la production de It Takes a Nation…, le brûlot de Public Enemy sorti la même année. On note d'ailleurs que le beat de "Ease Back" est le même que sur "Terminator X to the Edge of Panic". Navigant difficilement de label en label, les Ultramagnetic MCs n'auront pourtant pas le même destin que Chuck D et les siens. Ils resteront un groupe prisé de l'underground hip-hop, voire de quelques Anglais au goût sûr, les Freestylers et Prodigy, qui recycleront le très polémique "Smack my Bitch Up" de l'excellent "Give the Drummer Some".