Pure Hip Hop :: 1999 :: acheter ce disque

Les personnes familières avec cette école ne seront pas surprises par le nom particulièrement abscons du groupe et de l'album. Même si l'adjonction des termes "haïku" et "coup d'état" sonne étrange et maladroite aux oreilles françaises, elle traduit fidèlement l'esprit d'une oeuvre qui associe la concision et la force d'évocation de la poésie japonaise à une révolution bien menée dans le palais hip hop. Bien sûr, l'album est l'occasion d'un prodigieux effort de emceeing, tant avec les paroles qu'avec ces phrasés virtuoses qui s'émancipent fortement du seul rap. Mais la musique aussi évolue, elle accomplit imperceptiblement de multiples métamorphoses et traverse de nombreux univers musicaux, depuis les deux titres chantés du début ("Haïku d'Etat" et "Non Compos Mentis") jusqu'à l'étrange "that's tight, I like that" répété ad vitam eternam par Aceyalone à la fin, sur fond de basse minimaliste et avec un toussotement en prime.

Chant, mélopées africaines ("Studio Street Stage"), vapeurs de la ganja et dub oppressant ("Los Dangerous"), rap à la cool ("S.O.S.", "Firecracker", "Other MC's"), déclamations sur fond de vieil orgue ("Still Rappin"), délire avant-gardiste structuré autour d'un célèbre thème orientalisant ("West Side Slip n' Slide", le point d'orgue de l'album), retour vers la Jamaïque avec une reprise de Bob Marley ("Kaya") sont quelques unes des étapes du long voyage d'Haïku d'Etat. Un voyage dépaysant, tour à tour apaisant et exténuant, mais redoutablement bien organisé, sur ce nouvel avatar indispensable de la longue lignée inaugurée au début des 90's par Freestyle Fellowship et par le Project Blowed.