Origine comparable (l'Amérique white trash, blanche et semi-prolétarienne), même parcours météorique (du trou du cul de l'underground aux mange-CD's des gamines du monde entier), même dégoût de soi-même, et partant, même tendance à l'auto-destruction, lesquels s'expriment notamment par l'auto-dérision, un fort masochisme et l'absorption massive de drogues.
Là s'arrête toutefois la similitude, chacun étant aussi le produit de genres musicaux au fond, aux motivations et au mode de fonctionnement assez distincts. Là où le premier semblait entraîné malgré lui, incapable de s'assumer, dans un monde qui ne lui appartenait pas, l'autre court au devant de son mythe, habille ses textes des sons racoleurs de circonstance, alimente à loisir les polémiques nées à son sujet, fait siennes les pires facettes de l'imagerie rap, comme pour se faire pardonner d'être blanc. A noter d'ailleurs que le racisme est le seul débordement verbal qu'il s'interdit.
Evidemment, le succès autorise des personnes franchement étrangères au personnage à raconter tout ou n'importe quoi à son sujet, à trouver à trop bon prix motif à le condamner (ses propos misogynes et homophobes, son apologie des drogues), et le rap avec, éventuellement. Le tout sans se donner la peine de se pencher sur son talent de MC, réel, et sur des paroles bien plus ambiguës que son image de pop star ne le suppose. Mais bon, Eminem a définitivement quitté le monde réel pour celui du mythe. L'alternative, à présent, c'est l'embourgeoisement ou le pétage de plomb généralisé.