Battle Axe :: 2001 :: acheter ce disque

Vous allez me dire "mouais...en fait cet album repose entièrement sur les featurings, pour nous en mettre plein la vue, Abstract Rude n'était pas inspiré alors il a invité plein de gens pour compenser", et je vous répondrai que c'est faux mais qu'on en reparlera plus tard... Et je rajouterai : "de toute façon il faut acheter cet album, y'a le 4e round des Heavyweights !".

Oui, autant être honnête, UN titre vaut à lui seul l'achat de l'album, UN titre qui mériterait un chronique pour lui tout seul, j'ai nommé "Heavyweights Round 4". Encore une fois, pendant 9 minutes, la grande famille Project Blowed se lâche et se lance dans un open mic de folie, sur un beat drum'n'bass apocalyptique et des instrus changeantes, tantôt inquiétantes, tantôt paisibles et jazzy. Pas grand chose à jeter sur les 18 MCs qui se pressent ici, on retiendra quand même les couplets impressionnants d'Aceyalone, Mikah9, Nga Fish, ou encore Ellay Khule et Neb Luv... Bref 9 minutes de pur bonheur, sûrement le meilleur épisode de la série.

Quant au reste de l'album, il oscille entre le très bon et le carrément dispensable. On retiendra l'excellent "Dawning of the A.G.E." et son instru toute en basse et synthés jazzy, sur laquelle The Grouch et Eligh s'en donnent à coeur joie, ou le délirant "Frisbee" produit par Daddy Kev... Une grosse basse, un piano, des bruits bizarres, rajoutez par-dessus Slug, Eyedea, Busdriver, LMNO et un MC au nom imprononçable qui rappe en espagnol... Vous obtenez le second meilleur titre de cet album. Jetez-vous également sur "Sun Sets on 'em", terriblement efficace, sur le "Abscratchrude Interlude", qui vous fera dangereusement remuer la tête, ainsi que sur le sublime "A Coat of Pain", où Abstract Rude sort les violons et sa plus belle voix de lover !

Par contre quelques titres à éviter si vous avez du mal à supporter les petits pianos ou les refrains soul/r'n'b : "Stop Biting" (quoique... prendre la boucle de piano d'un slow pourri des années 80 chanté par Bonnie Tyler, fallait oser...), "Birds of the Feather" (toujours le petit piano...), "Brother Forever", partant d'une bonne intention puisque dédié à ses potes de Tribe Unique, mais bon faut pas pousser, et 'Family Affair' et ses refrains r'n'b chantés par le clone vocal d'Erikah Badu (en moins bien).

En fait, au niveau du MCeing, P.A.I.N.T. frôle le sans faute, rien à dire, Abstract Rude rappe bien, chante bien, chacune de ses apparitions met une claque, son inspiration et son talent n'ont pas diminués... Les featurings sont d'une qualité remarquable, aucun n'est dispensable et n'est là pour épater le client.

Le seul problème est que les instrus ne sont souvent pas à la hauteur. Pourtant la recette des albums précédents n'a pas beaucoup changée, l'ambiance est très soul/jazz, paisible, quelquefois sombre, les voix féminines sont toujours très présentes, ainsi que les refrains chantés... Mais cette fois quelques instrus ont du mal à passer, parce que trop entendues, trop plates et mièvres. On a un peu l'impression que Fat Jack s'essoufle, et finalement le talent d'Abstract Rude est mieux mis en valeur sur des albums de la trempe d'Haiku d'Etat.

P.A.I.N.T. reste malgré tout un album agréable à écouter, puis de toute façon il faut l'acheter, y'a le 4e round des Heavyweights...