C’est au détour d’un bac à CD’s que je découvre l’album des trois anglais Rola, Jay Le Surgeon et DJ Rumage alias les Numskullz. Je les avais déjà aperçus sur diverses compilations (Raw Materials, Ruf Diamonds 1 & 2…) avant de passer à l’étape cruciale du format long. Une écoute rapide me convainc de l’acheter, je l’emmène vite fait chez moi, je le mets dans ma chaîne hi-fi, lecture, puis je laisse le CD tourner tranquillement.
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Le plus frappant lors de la première écoute est la cohésion musicale : l’ensemble est un enchaînement d’ambiances plus ou moins épurées (sons d’ambiance, touches de pianos placés ici et là, guitare acoustique, bruitages discrets en tout genre, etc…) sur lequel glisse le flow véloce de Rola (dont le timbre n’est pas sans rappeler Blade par moments mais avec plus de coffre), le tout ponctué par des interludes et plages instrumentales assez rugueuses. Les écoutes suivantes permettent d’apprécier plus en détail le travail sonore entièrement effectués par nos trois larrons, les beats sont extrêmement bien ficelés et peuvent tenir sans l’aide de boucles lourdes ("32 Lines", "Human Only"). Enfin la voix Rola est souvent mixée en avant ce qui donne aux morceaux une bonne dynamique.
Le premier morceau nous aide à faire connaissance avec le groupe, l’un des morceaux les moins intéressants de l’album. Car c’est ensuite que la déflagration commence. Les efficaces "Wild Kingdoms" et "The Depths", dont les compositions sont simples mais bien pensées, démontent instantanément chaque neurone du cerveau. La suite s’enchaîne avec des morceaux plus délicats et très hypnotiques : "Raindrops", "A Gift", "Same Trap" avec des violons à la Wu-style, "Greater Mission" avec l’unique apparition de Jay Le Surgeon au micro, "Visual Illustration"… Arrive "The Ramp", une plage instrumentale qui sonne à part dans l’album mais qui est monumentale ! La boucle s’imprime littéralement dans les tympans, les effusions de scratches, les associations de sons robotiques et industriels, en font un morceau assez jouissif. Les titres suivants permettent de panser les plaies avec notamment "Dead Serious" puis finit en beauté avec le magnifique "Main Aim".
En définitive, les Numskullz ont su créer un univers musical assez personnel très inspiré par le patrimoine musical anglais. Ils ont fourni un album qui ne paie pas de mine mais qui le rend plus attachant à chaque écoute. Un album très solide qui se place loin des expérimentations du label Big Dada, loin du classicisme des Creators et consorts et pourtant qui sonne si typiquement anglais.