Big Dada :: 2002 :: acheter ce disque
Extra Yard réussit là où le New Flesh s’est lamentablement planté, à savoir l’établissement d’un mix hip-hop dance-hall révolutionnaire et bien pensé sans tomber dans un hip-hop crossover mal inspiré. Du coup, on est même bien loin des récentes productions infectissimes de Part 2, l’occasion pour lui de se refaire une santé suite à un Understanding incompréhensible.
Cette compilation sera aussi l’occasion pour Roots Manuva, pas radin, de replacer des énièmes versions de ses tubes "Dreamy Days" (vu mieux), "Bashement Boogie" (pas mal) et "Witness" avec des couplets extirpés du posse cut "Swords In The Dirt", histoire de bien saigner à blanc le morceau le plus populaire de Mr. Manuva. D’ailleurs notre corps rédactionnel attend avec impatience la version pour Noël et celle pour collecter les fonds pour l’association des paralysés du pouce gauche. Il est même surprenant de voir Ty, accompagné du producteur Drew des Psychic Phenomena (cinq ans sans nouvelles du groupe, ça commence à faire), s’essayer à l’exercice du "move your fat booty" pour un résultat correct mais discret par rapport au reste de la compilation.
Finalement, la bonne tenue de cette compilation vient de la créativité débordante du collectif Shadowless (le trio Gamma, Defisis, Infinite Livez, Tomo/Tomz et Jack Tarr) tout au long du disque. Qu’ils soient ensemble (les excellents "Killer Apps" et "Niceness") ou en solo (le très bon "Izwha" de Gamma et "No More Bananas" d’Infinite Livez, un des tubes de l’album), les Shadowless donnent un visage, une figure attrayante au "Bouncement Revolution".
New Flesh est ressuscité le temps de deux morceaux, en l’occurrence le remix de "Zero Gravity" par Wayne Bennet/Lotek (sa meilleure production sur cette compilation) qui met en valeur l’immense Toastie Taylor, tout bonnement décapitant, et "Lie Low", qui concrétise enfin l’objectif que le groupe s’est fixé pour leur dernier album. Objectif également de cette compilation, faire preuve "d’innovations musicales" (si cette expression a encore un sens) tout en s’appropriant les terrains du dance-hall et plus généralement de la culture jamaïcaine, initiatives récurrentes dans le rap anglais (l’arrivée du ragga-hip-hop de London Posse à la fin des années 80 en est un exemple typique). Extra Yard indique le changement de cap définitif de Big Dada, ce disque, à défaut d’être parfait, servira de toute manière de référence pour les futures sorties anglaises du label, n’en déplaise aux réfractaires au son bounce.