Low Pressure :: 2001 :: acheter ce disque
Mais qui est Governor Bolts ou plutôt qui sont-ils ? Derrière ce personnage aux penchants sexuels minables et rebutants se cachent deux personnages éclairés de la scène canadienne : le déjà cité DJ Moves et Paul The Apostle, un membre promu du Killer Rhyme Klick (incluant les californiens Divine Styler, Everlast et les Styles of Beyond).
Saint Jean-Paul le treizième apôtre vivait reclus au fin fond de London Ontatio où il cultivait en solitaire son commandement favori : "le freestyle tu pratiqueras, point". Conscient d'avoir perdu son temps dans son monastère, côtoyant par la suite des rappeurs de petite vertu en se connectant à la scène d'Halifax, tombant dans la décadence en consommant des substances musicales illicites, notre bon samaritain toucha le fond lorsqu'il rencontra DJ Moves : Governor Bolts était né.
L'habit ne fait pas le moine, Paul s'en rendit compte très vite. Plutôt que de ré-écrire un nouveau testament du hip-hop comme la plupart des gens actuellement en vogue, Paul fait étalage de son talent au micro, Moves s'occupant de mettre en musique ses écrits pervers. Ses productions emploient des échantillons qui sont généralement sombres et/ou calmes, les breakbeats offrant de l'énergie à chaque morceau malgré les quelques tempos lents ("Teenage Angst", "Decisions", "Domesticated Manimal"…), les exceptions à ces règles se trouvant en début (le dynamique 'Werewolf In Wonderland') et en fin d'album ('Re-invaticanstated' et 'Overseeing').
Hélas, le format long ne réussit pas à DJ Moves malgré son travail de qualité. Pris séparément, les morceaux tiennent bien tous seuls, mais l'agencement de l'album est tel qu'on prend un malin plaisir à appuyer sur avance rapide. Quelques morceaux laissent perplexe, "Trolls" (avec Kotep Omegatron et Mindbender de Supreme Being Unit) en particulier, un morceau tour à tour intéressant et repoussant, dont le sample (qu'on croirait tout droit sorti de la bande son du Godzilla des années 60) est bizarrement mis en boucle.
Le déchu Paul possède plus d'une corde (vocale) à son arc et surprend par son flow polymorphe et constamment accrocheur, capable de s'adapter sur tous les morceaux, en raison également de ses textes de vieux moine frustré. Le diable au corps, notre jeune fou s'adonne à quelques rituels curieux : dans "Enter Governor Bolts", l'ex-prêtre Paulo nous fait une démonstration de son sex-appeal ravageur face aux mannequins de magasin, et sur l'excellent "Making Love To Your Diskdrive" avec Buck 65 sous son alter-ego Uncle Climax, où il est question d'une torride histoire d'amour avec leur matériel informatique (!)
Le personnage de Governor Bolts est un individu hilarant et attachant, même si tous les côtés de sa personnalité (comprenez par là les morceaux de l'album) ne sont pas forcément indispensables. Un cas unique pour l'hôpital psychiatrique : ils pourront toujours essayer d'expliquer ses attitudes les plus extrêmes, même des analyses freudiennes approfondies laisseraient des résultats ambigus.