C’est la première fois que vous venez en Europe ?
R : oui, c’est ma première fois, à part un passage dans un aéroport. Je n’ai entamé que récemment ce genre de longues tournées. Avant, je donnais des show ici et là, principalement autour de Los Angeles, et je sortais ma musique sur cassette. Maintenant il y a le CD mais je m’en fiche. Ca m’énerve juste un peu quand quelqu’un grave un CD au lieu de l’acheter. Mais bon, tant que ça leur fait découvrir de la musique, c’est tout bénéfice.
Comment t’es-tu retrouvé sur Mush ?
R : ça faisait un moment que je faisais de la musique, et Adam (Dose) a fini par mettre la main sur certains trucs de Log Cabin et des Shapeshifters. On a fait l’album et finalement, il nous a permis de le sortir sur Mush. Ca a pris un an et demi. Et une autre année plus tard, nous nous retrouvons ici, sur le Mush Tour.
Il y a des tas de vieux trucs sur Pyramidi, viens-tu ici pour nous dévoiler de nouveaux trucs ?
R : eh bien, nous allons bien sûr interpréter des trucs sortis sur Mush, mais nous sommes principalement ici pour vous montrer de nouveaux trucs.
Ton nouvel album est prêt ?
R : le Free Kamal LP est prêt. On cherche à label pour le sortir, peut-être en Europe. Histoire de planter une graine qui puisse y grandir. La réaction du public en Allemagne était bonne. On a été impressionné par le niveau de connaissance des gens. Tout le monde a reconnu le titre de Beneath the Surface avant même le son de la basse.
(à Anti MC) Et toi, comment t’es-tu retrouvé avec Radioinactive ?
A : avant, je rappais avec un autre type au sein d’un groupe qui s’appelait Sidewalk Kids… Plus tard est apparu un autre groupe, the Universals, qui est devenu Log Cabin. Je rappais avec le petit cousin d’un membre de Log Cabin. J’ai commencé à rapper avec eux, jusqu’au jour où Kamal (Radioinactive) m’a appelé. Il est venu chez moi et on a enregistré ‘Who I am’, qui s’est retrouvé sur notre première cassette. Sur cette cassette, on avait ‘Pyramidi’, ‘The Music’ et ‘Who I am’, les trios premières chansons à apparaître sur le disque. On n’a jamais cessé de travailler ensemble depuis ce temps.
Et tu ne rappes plus ?
A : nan. Sauf quand je fais la fête et que je suis bourré.
R : c’était pas possible d’amener tout le groupe avec nous, mais nous avons un quarter de jazz, normalement, et moi.
Radioinactive, tu fais des beats aussi. Comment choisis-tu ceux que tu utilises ?
R : je n’aime pas trop rapper sur mes propres beats. Je lui dis juste de manière très vague ce que je veux. On est copain depuis assez longtemps pour avoir la même vision des choses. Et lui sera capable de trouver des tas de disques et de créer les combinaisons intéressantes conformes à ce que j’ai en tête.
Ca se voit, il y a une réelle homogénéité sur l’album.
A : en fait nous avons la même ex-femme. On a pris le train l’autre jour avec des Allemands qui avaient assisté à notre show. Ils connaissaient tout, c’était dingue. Ils connaissaient tous les morceaux qu’on avait pu faire, des trucs qu’on aurait jamais imaginé trouver jusqu’en Allemagne.
Les expériences Log Cabin et Shapeshifters t’ont apporté quoi ?
R : Log Cabin m’a beaucoup apporté. Nous avons fait un album qui n’est jamais sorti. Nous avons tous poursuivi notre propre route, mais je n’en suis pas aigri. Même si on ne se côtoie pas tous les jours, on a énormément d’affection les uns pour les autres. J’ai déjà été en taule avec Murs. On avait été arrêté à deux endroits différents et on s’est retrouvé dans la même cellule.
Ton flow a connu une évolution. C’est intentionnel ou c’est venu naturellement ?
R : je ne pense pas. Je viens juste de finir un album avec Busdriver, avec des tas de rap très rapides. J’essaie juste d’explorer plusieurs styles et plusieurs pistes. Il y a des tas de choses qui ne sont pas sur Pyramidi et qui sont bien plus rapides ou bien plus lentes. Si tu écoutes mes nouveaux trucs, ça n’est pas qu’une question de rapidité ou de lenteur. Il n’y a pas de frontières, ça n’est pas bon de se mettre des limites.
Tes paroles sont un peu dures à comprendre. Tu utilises les techniques de l’écriture libre ?
A : en fait, c’est moi qui les écris, lui il les récite. J’ai lu plein de truc style Dali, assis sur les toilettes.
R : en fait, c’est la combinaison de divagations qui donnent bien sur le plan rythmique, sans forcément rimer. Ce sont juste des idées très visuelles, ça évoque des images dans ma tête. Des fois, je m’amuse à relier des idées sans rapport entre elles pour créer une sorte de langage codé. Ecrit ça donne n’importe quoi… des combinaisons d’images peuvent parfois faire passer des émotions. C’est comme un bouquin avec une image différente sur chaque page. Séparément, ça n’a pas grande signification, mais si tu le prends comme un tout, apparaît une sorte d’image globale.
Il y a des influences arabes et latines sur Pyramidi.
R : ma mère est égyptienne. Et mon père est né à Mexico, il est principalement latin. C’était un joueur de flamenco professionnel. Et lui (il montre Anti MC) a une vaste culture musicale aussi. Nous avons tous les deux grandi entourés par de la musique de dingue.
A : combien de disques de jazz samples-tu au fait ? Je connais des tas de producteurs californiens qui utilisent tout le temps les mêmes disques, même s’ils n’utilisent pas toujours les mêmes passages.
On a évoqué Busdriver. Tu prévois d’autres collaborations avec lui ?
R : je suis sur un titre de son nouvel album, Temporary Forever. On a enregistré un album ensemble, ça va s’appeler The Weather. Je ne suis pas sûr, mais ça doit sortir cet hiver, avec un type qui s’appelle Daedalus et qui produit des tas de sons électroniques bizarres. C’est très différent et c’était une grande différence du point de vue rythmique. Ca nous enthousiasme. On s’apprête aussi à sortir une série de maxis pour Mush.
Tu connais des artistes français ?
A : Serge Gainsbourg, Charles Aznavour, Edith Piaf, et Le pétomane. Ce type est incroyable.
Traduit par codotusylv