Wordsound :: 1999 :: acheter ce disque

L’entrée dans le vif du sujet est brusque, des violons inquiétants et Mr Dead, plus menaçant que jamais pour le percutant "The Beginning of The End". S’en suit "No Cede Malis", un instrumental tendu genre arrivée des grenouilles géantes radioactives de l’Alaska. Le disque se divise en deux, d’un coté les instrumentaux discordants et dérangeants, de l’autre des featurings assurés généralement par les labelmates qui passent par là. On retrouve ainsi Sensational, qui rappe de travers avec son timbre erraillé sur "High Plains Drifter" ; God Albino, Sensational, Mr Dead et Hawd Gankstuh Rappuh Wid Gatz pour le posse cut "Psychotic Episodes" le single qui a dû martyriser les oreilles des radios indépendantes ; Sayyid, Priest, Sensational et Guess (qui sort le couplet de sa vie) sur "Kaos is and always will be". Ces bombes sont entrecoupées de deux instrumentaux à fragmentation, l’incroyable "Bottom Feeder" avec ses relents de bande originale horrorcore et "Ye of Little Faith" avec un détournement oppressant de trompettes guerrières.

"Apocalypso" ressemble à une hypothétique bouffée d’air, le morçeau part en dub exotique mais devient vite epileptique et inaudible, un sample atrophié nous annonçant toutes les cinq secondes "the world’s about to end"… Le mal de tête passé, ‘Juggernaut’ arrive comme la piqure de rappel avec un jazz apocalyptique progressif à la Angelo Badalamenti dans le chef d’œuvre Lost Highway, le tout ponctué de riffs de guitare énervés. Passé un skit pré-cataclysmisque, on comprend pourquoi on nous préparait avec des riffs énervés, Sebastian Laws de Truckstop sort un mcing d’outre-tombe sur fond de guitares trash sur "Kali Yuga". Trash Metal Nique Tout Style !

Malgré tout, l’ambiance phantasmagorique de "Feel my Disease" relaxe, calme, raffermit l’épiderme en comparaison à l’aggression précédente. La fin d’album se fait plus dans le sens du poil, on découvre Honeychild, sorte de Marianne Faithfull sans drogues, pour un chant très envoûtant sur "The Last Time". "The Rapture", avec un spoken word prophétique du poète dub Oku Onuora, amorce la morale du disque si toutefois on réchappe à celui-ci, "the end is the beginning…" et la boucle est bouclée. Le disque est fini. Le manque se fait sentir. Pourquoi toujours respecter les doses prescrites ?

Pour clore sa trilogie, Spectre termine par un chef d’œuvre conceptuel. Chaque morceau en appelle un autre, le disque est complet, pas de thème trop exploité, pas de emcee qui fait du zèle, juste des savantes pincées parsemées par ci par là.

Seul problème, s’il fait nuit et que vous prenez la route, l’écoute est fortement déconseillée.