Alors que des études sociologique tendent à prouver que l’influence de la communauté (la vie de groupe, l’éducation et tout le tintouin) fait progresser la civilité de l’individu, des éléments isolés et perturbateurs se sont appropriés des micros pour faire entendre la voix du désordre et marquer la régression des esprits.
Low Pressure :: 2001 :: acheter ce disque
Ces personnages gênants répondent au doux nom de 5 Headed R-Tard, personnages au premier abord curieux, mais en fait répugnants et aux attitudes de pervers sexuels extrêmes. C’est tout naturellement qu’ils prennent place au sein de Low Pressure, label canadien où le décalage et le manque de sérieux sont les lignes directrices artistiques dominantes.
Secrètement adorés par des sectes aux pratiques scatologiques, considérés comme des demi-dieux auprès des pantins des Big Brother, Loft Story et consorts, les 5 Headed R-Tard personnalisent le mythe de la crétinerie universelle qu’attendait la communauté des backpackers ne dépassant pas les trois de Q.I. Abusant des poncifs et des clichés du rap, les membres de ce gang-bang ambulant, qui au passage poussent leurs timbres de voix à l’extrême, se trouvent des sujets de discussion qui ne plairont qu’aux boutonneux misogynes égocentriques avides d’expériences sexuelles trash. Chaque morceau tourne en dérision des icônes rapologiques voire culturelles américaines quand les sobrement nommés "Head" #1, #2, #3, #4 et #5 ne parlent pas de sexe ou ne font pas l’éloge de leurs situations absurdes.
La production est à l’image de ses hôtes, des musiques niaises et puériles… mais parfaitement maîtrisées par un certain Downslindrum (serait-ce DJ Moves ?). Ce bonhomme n’utilise pas énormément de matières premières pour monter ses morceaux, mais ses compositions simples surprennent par leur énergie communicative, seuls "Real Life" et sa boucle très "DJ Moves-ienne", et dans une moindre mesure "Gas Owls" et son beat infect, ennuient l’auditeur à la longue. Downslindrum apporte à boire et à manger, de quoi épater les pseudo-amateurs de rap pointu, accrocs aux prods simples et "subtiles".
Cet album de dépravés réjouira également les backpackers intellectuels, déjà passés au stade de l’analyse des textes qui, selon eux, seraient rentrés dans la postérité du hip-hop profond et intimiste. Quand aux autres, ne cherchez pas de cohérence dans chaque morceau de l’album sous peine de cramer la belle amitié qui s’est forgée entre vos deux neurones, profitez de stupéfiants qui font arborer de jolis sourires et de spiritueux pour mettre le cerveau sur "off", histoire de digérer le contenu de ce disque.
Conclusion pour ceux qui n’ont rien saisi : tu es un mâle, tu ne comprends rien aux actualités qui passent à la télé (et de toute façon, tu n’en as cure), mais bordel, qu’est-ce que c’est bien d’avoir le foot juste après. Tu aimes l’alcool puisqu’il te donne un sentiment de puissance face à ton adversaire, armé également de son verre, à l’autre bout de la table. Tu crois tout connaître du mystère des femmes. Tu comprends qu’il est difficile de résister à ton charme légendaire. Alors ce disque est pour toi.
Petite variante pour la gente féminine : tu es une femelle, tu penses que ton sac à main détient les plus grandes sciences de l’homme (entre autres le rouge à lèvres et divers camouflages à ta laideur). Tu aimes couvrir l’espace sonore, mais même si ton interlocuteur (ou "victime", au choix) ne saisit pas tout, ce n’est pas grave puisqu’aucun de tes sujets n’est important. Tu aimes te faire désirer par les hommes, ce qui est un signe de respect et de crainte de la part de tes copines. Tu comprends qu’il est difficile de résister à tes séductions sans faille. Alors ce disque est pour toi.