Culte. Près de 18 mois après la sortie de Projet Chaos, le titre français qui surnageait de la compilation mérite encore tous les superlatifs. Increvable, la petit flûte de "Baise les Gens" n'a jamais cessé de trotter dans nos têtes et c'est avec un plaisir intact que nous goûtons encore et encore la profession de foi misanthrope déclamée par Fuzati sur ce titre exutoire, sur cette jouissive antithèse du rap français.
Record Makers :: 2003 :: acheter ce disque
Un seul titre, cependant, ne fait pas un groupe. Même si le Klub des Loosers a déjà sorti d'autres morceaux tout à fait réussis par ailleurs (sur L'Antre de la Folie et plus récemment sur Désarticulé), même si Fuzati a démontré sur scène qu'il n'avait aucune leçon de freestyling et de répartie à recevoir, même si Orgasmic a sorti le mix le plus réjouissant de l'an passé, même si le duo a déjà suscité bon nombre de polémiques et d'opinions contradictoires, certains attendaient encore des preuves, une confirmation.
Cette confirmation la voici.
Dorénavant signé chez Record Makers, le Klub sort un premier maxi annonciateur de l'album dont le titre phare est donc cet inusable "Baise les Gens". Bien sûr ce morceau, on le conçoit sans mal, reste la locomotive du maxi. Difficile de surpasser cette pousse de hit qu'on étudiera plus tard dans toutes les bonnes écoles au cas totalement imaginaire où le rap français gagne une postérité.
Mais fort heureusement, il y a aussi très largement de quoi piocher sur les six autres plages. Premièrement, des instrus comme vous n'en entendrez jamais dans ce même rap français dont nous parlions à l'instant, et donc forcément très bonnes. Mais encore deux nouvelles interventions de Fuzati confondantes d'humour grinçant, dont l'une dresse au vitriol le portrait quotidien de la perversité enfantine ("Poussière d'Enfant" et son beat virevoltant entrecoupé de choeurs de gosses) et l'autre celui des pulsions suicidaires de l'ado raté incompris ("Ca Va S'Arranger") aussi pitoyable que son minable entourage.
On l'aura donc compris. Le Klub des Loosers ne fait toujours pas mentir son nom déprimant et auto-dérisoire. Il continue avec bonheur à exploiter la veine de la misanthropie et de la lâcheté ordinaire, un thème clairement délimité mais intarissable, que le Klub aura tout loisir d'exploiter encore sur un album qu'on espère le plus proche possible.