Un vinyl de Josh Martinez ça ne se snobe pas. Ce jeune sosie canadien de Zack De La Rocha issu de l'intarissable scène d'Halifax et co-fondateur avec Moves et Rhek One du label Low Pressure est aussi connu sous les appellations suivantes: "Le fou chantant d'Anticon", "La photo du forum-que l'on ressort pour illustrer le sens du mot fraggle" - d'ailleurs la photo de Bill Gates se faisant entarter au dos du disque ne nous laisse plus de doute -, ou encore "L'acteur minet pour adolescentes pré-pubères de la série 7 A La Maison ("mais non voyons, c'n'est pas lui...").
Low Pressure :: 2002
Mais on oublie probablement le plus important : la qualité intrinsèque de ce mc, lorgnant vers le Sage Francis en plus fou-fou et usant de petites intonations nasales rappelant à certains moment Dose (je sais, je vois des Dose-like partout). Par ailleurs, ce jeune homme a de très bonnes fréquentations messieurs-dames. Awol One, Jel, Moves sont présents, ainsi que Wes Bonifay, WeStainPorcelain et Sichuan pour les moins connus, à moins que vous ne soyiez familier des Vinyl Monkeys, Crackbeat Society et autres City Planners.
Le EP commence très fort avec "Rip Rap", tube potentiel pour radio idéale où tout va à 200 à l'heure et où Josh expose avec éclat sa maîtrise du débit-lumière et du refrain chanté. Ouf... On comprend que l'on ne tombera pas dans le schéma classique du rappeur lambda aigri récitant son texte d'un ton monotone. Pourtant le soufflé retombe quasi-instantanément sur "Nightmares"... Argll... Ce Sichuan n'a vraiment rien compris... Amener J.M. sur le créneau "mélancolie/accords de piano vite torchés" c'est aussi décalé et pitoyable que si Puffy faisait du rap conscient...
Jel nous réconcilie sur "The Deep End" sans totalement convaincre, mais c'est surtout l'excellent "Women (Loving Women)" qui décroche le pompon. Et pour tout dire la présence d'Awol One est loin d'y être étrangère. La prod un peu poussive de Moves basée sur 3 accords de guitare bluesy accompagne parfaitement son flow rocailleux (plus que jamais le Tom Waits du rap) grâce auquel il délivre l'un des meilleurs textes jamais rappé sur le lesbianisme, accompagné dans son périple par un Josh parfait en jeune second nasillard. On termine sur le très bon "Outlook", déjà présent sur le Giga Single d'Anticon. WSP fait évoluer un roulement de tambour qu'il transforme en gros beat et rajoute vers la fin un thème du plus bel effet (au fait, Shadow a appelé, il veut que tu lui rendes son synthé). Josh susurre, chantonne et rappe dessus.
Anticon ne s'y est pas trompé, voilà un rappeur qui ne demande qu'à être entendu.
Sirop d'érable rules.