Faisons les présentations : Keaton, qui est pour moi un parfait inconnu, est apparemment un producteur anglais de drum'n'bass. On ne présente plus Busdriver : le rappeur-scatter à la voix et au flow de saxophone du crew Afterlife est récemment devenu notre MC préféré avec Temporary Forever et The Weather.
Violence Recordings :: 2003 :: acheter ce disque
Le rapport entre eux, c’est un troisième larron, Hive, angelino, DJ de drum’n’bass qui s’était à l’époque acoquiné avec les rappeurs de Celestial Recordings (Shapeshifters, Phoenix Orion…), en particulier pour la mixtape de remixes Hiphop 2023. Celle-ci n’avait franchement convaincu personne : les a capellas des rappeurs étaient recouverts d’une jungle un peu lourdingue, aux beats trop carrés pour être honnêtes, trop simplistes pour ne pas lasser au bout de deux morceaux.
Et autant prévenir les amateurs (si ça existe encore) de drum’n’bass : la tendance ne s’est pas inversée, Hive, même avec Keaton, donne toujours dans la drum’n’bass à papa. Si ce maxi était sorti en 1995, on aurait peut-être trouvé quelques personnes pour y voir la musique de l’an 2000 ; aujourd’hui, il n’y a pas de doute, cette recette musicale là doit de toute urgence être oubliée, enterrée, remisée dans le même placard que le film "Strange Days", le grunge et les boucles de piano/violon. So 90ies.
Pourtant, malgré l’ennui de la production, le maxi vaut bien le détour et restera sans doute un moment dans les mémoires : parce que tout le monde ne peut pas rapper à 170 bpm comme si c’était normal, parce que tout le monde ne sait pas rendre amusante et ludique une instru navrante par la seule inventivité vocale et rythmique, parce que c’est Busdriver qui rappe et qu’il confirme en permanence qu’il est le seul MC capable de s’adapter à n’importe quel fond sonore. Espérons juste que cette collaboration-là ne connaîtra pas de suite.