St Martin's Press :: 1999 :: acheter ce livre

Ne vous fiez pas aux 350 pages de ce bouquin, qui lui confèrent une déroutante imposance. Son contenu n'est pas un long monologue nous retraçant l'histoire du hip-hop à lamanière d'un récit ennuyeux pour jours de pluie. L'Ego Trip's Book fonctionne selon une logique de listes, de classements chronologiques, et ne nous donc pas envie de le fermer dès la première page. Son design pop art nous plonge directement dans les années 70, avec une palette de couleurs très limitée (niveaux de gris et orange). On ne voit d'ailleurs pas comment il aurait pu en être autrement.

Il est bien sur ici question du hip-hop, donc de ses 4 éléments. Mais les chapitres du livre, eux, sont au nombre de 25 :

1. Le premier chapitre, "Foundation" nous amène directement à la case départ en nous dressant le portrait des premiers protagonistes du hip-hop, en nous listant leurs influences. Il est aussi au programme de connaître par où ont commencé certains artistes. On découvrira agréablement les premiers flyers promouvant les premières soirées hip-hop, le tout en noir et blanc.

2. Après avoir été introduit par le premier chapitre, le second, "Lyrics", en découle naturellement, et nous parle de talents lyriques, de balbutiements, de lyrics incompréhensibles, de plagiat de lyrics, parmi bien d'autres listes. Kool Moe Dee qui, dans la pochette d'un de ses album, en 1987, avait distribué des notes a divers MC, selon divers paramètres, se prête à nouveau au jeu 12 ans après, bien que les "élèves" ne soient plus les mêmes.

3. Quatorze pages plus tard, nous arrivons au 3ème chapitre, "DJ", où nous pouvons consulter, dans le désordre, les techniques de deejaying, quels sont les rappeurs ayant des aptitudes dans l'art du deejaying, et les groupes ayant en leur sein deux DJs. On déplorera que ce chapitre effleure seulement le sujet.

4. Le chapitre 4 traite, lui, de la production. Au menu, les meilleurs producteurs, les meilleurs morceaux de beatbox, et les productions faites par des producteurs ne venant pas du paysage rapologique, entre autres.

5. Le 5ème chapitre s'occupe de la facette "Live", c'est-à-dire des clubs importants, des grands albums et des grands morceaux live, ainsi que des plus grands MCs en concert.

6. Le chapitre 6, "Names", est plus ludique, avec pour sujet principal les pseudonymes des messieurs du hip-hop, c'est-à-dire leurs distorsions diverses et variées de noms, leurs acronymes, leurs noms originaux changés au cours du temps, ainsi que les noms d'albums, tels que ceux refusés, et un paquet d'autres listes.

7. Retour à un sujet un peu plus sérieux dans le septième chapitre, "Broadcasting". On parle principalement, dans cette partie, de radio, avec une liste de morceaux parlant de radio, mais aussi un peu de télévision.

8. Le chapitre 8, "Body Movin.", a pour thématique la danse sous les formes les plus variées. On pourra y découvrir les rappeurs qui ont commencé comme danseurs, les morceaux dédies à la danse, et même les rappeurs qui sont contre la danse !

9. Chapitre 9: "Clans, Posses, Crews & Cliques." Ici on parle collectifs, on parle des groupes, des groupuscules, des familles. Rien de plus!

10. "It Was Written", le 10ème chapitre, parle de la presse écrite et des articles en relation avec le hip-hop : les morceaux et les albums se basant sur la littérature, les artistes dont les articles furent publiés, les meilleures citations de KRS-One (genre: "Je suis la personne la plus humble de l'industrie du rap").

11. Le chapitre 11, est titré "Record Labels", très judicieusement, puisqu'il parle des labels et maisons de disque, nous offre un large éventail de listes, depuis la liste des 10 morceaux qui sont contre les maisons de disques, jusqu'à la liste des 10 façons d'être viré d'un label par R.A. The Rugged Man.

12. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, le chapitre 12, "Art", ne traite pas du graff', mais des pochettes d'albums, des plagiats de pochettes d'albums, des stickers, et de quelques autres illustrations dans le même sillon.

13. Le chapitre 13 "Film" se consacre donc à la relation du domaine entre cinéma et hip-hop. Tout est dit.

14. Il fallait bien qu'on en parle, et c'est le chapitre 14 "Cheddar" qui s'y colle. Ici il est question d'argent, de money, de thune, et même de maille. Banqueroute, fortunes, samples qui coûtent la peau du cul, albums les plus coûteux, et j'en passe.

15. Les rappeurs, c'est pas des flemmards, ils aiment le sport. Le chapitre 15 "Sports" se charge de nous parler du sujet. On apprend quels sont les rappeurs sportifs, et on quels sont ceux qui parlent de sport dans leurs albums.

16. Alors qu'en France, la mode du street-wear est tout nouvelle, aux Etats-Unis, les rappeurs sont dedans depuis un moment, tel que le chapitre 16, "In Full Gear", nous le décrit. Il traite ainsi des marques preférées des rappeurs, des tatouages.

17. Le hip-hop a toujours eu une réputation sulfureuse et ce n'est pas le chapitre 17, "Stunts, Blunts & Hip Hop", qui démentira celle-ci. Kool Keith nous parle des endroits publics qu'il affectionne pour pratiquer le pêché d'Onan (intéressant..). Y sont listées aussi 23 histoires d’infidélité, et aussi les récits à l'eau de rose tels que l'amour d'adolescence. Si après tout ça, vous ne versez pas une larme.

18. Certains considèrent le chapitre 18, "Beef", comme le meilleur de cet ouvrage, tout simplement parce qu'il parle de bagarres. Il décrit de grands matchs à coup de lyrics enflammés interposés, où tous les coups sont permis. On apprend quels sont les gagnants des matchs, et de combien de rounds ceux-ci sont composés.

19. Dans le chapitre 19, "The Realness", on trouve un peu de tout, comme les arguments qui soutiennent la thèse selon laquelle 2Pac est encore vivant, mais également les rappeurs qui ont survécu à un attentat, et une longue liste de rappeurs morts.

20. Qui dit rappeurs dit multiracial, et le chapitre 20 "Race" relate cela. Pour commence, ou découvre avec plaisir les morceaux racistes, mais aussi les rappeurs blancs, les rappeurs mexicains, et les morceaux bilingues.

21. Comm on arrive à la fin du bouquin, on aborde des sujets plus terre-à-terre, comme avec le chapitre 21, "Awards" dans lequel sont listés tous les reconnaissances et les distinctions gagnées par les protagonistes du hip-hop.

22. Le chapitre 22, "Bonus Beats", nous parle, en vrac, des rappeurs ayant collaboré avec Michael Jackson, des pires collaboration rap/rock de tous les temps, des chansons avec des noms de nourriture, et pléthore d'autres listes.

23. Pour ceux qui cherchent des repères dans le hip-hop, alors ce chapitre est pour eux. Le chapitre 23 "Charts", classe en effet, pour chaque année, les meilleurs singles depuis 1979 jusqu'à 1998, ainsi que les meilleurs albums, de 1979 à 1998 également.

24. Le chapitre 24, "The Monkey Academy", teste maintenant votre mémoire ainsi que vos connaissances: il faut reconnaître les objets hip-hop de la couverture du livre.

25. Voici le chapitre qui clôture le livre. Il nous livre les 10 raisons pour lesquelles le rap ne mourra jamais.

Ce livre, malgré la barrière de la langue, se montre accessible aux Français. Il permet aussi de se construire une certaine connaissance du hip-hop depuis les origines. C'est le livre idéal pour quiconque voudrait débuter, ou redécouvrir le rap d'antan. Certains diront que cette rétrospective est le gong de fin pour le hip-hop, mais l’intérêt qu'il a suscité nous prouve le contraire.