Four Ways to Rock :: 1999 :: acheter ce disque

Sur Vertex, Buck 65 nous propose une longue série de beats bizarres, surréalistes et expérimentaux, mais jamais pédants. L’album est fait tout entier d’un hip hop vaporeux et quasi ambiant, seulement troublé par une jolie collection de boucles parfois accrocheuses ou par quelques pluies de longs scratches étirés. Et pour brouiller les pistes plus encore, le producteur s’ingénie à découper la plupart de ses titres en mouvements, deux, parfois plus, dont au moins un instrumental. Il n’hésite pas non plus à traîner le hip hop vers les contrées peu familières de la musique contemporaine (il fallait s'y attendre) sur "Bachelor of Science" ou à reprendre Roxy Music avec une version de "In Every Dream House There is a Heartache" encore plus insolite que l’originale. La voix de Buck 65, elle, est calme. Elle est posée, quasiment parlée (et très compréhensible aux oreilles françaises) et déclame des paroles inventives, capables de passer de la petite poésie onirique au bon mot humoristique ("Ces idiots de DJ's donneraient leur bras droit pour devenir ambidextres") ou de célébrer les vertus du base-ball.

Quelques titres parviennent à se distinguer de ce lot étrange, comme le single "The Centaur" (un homme au sexe énorme convoité par l’industrie du porno y symbolise l’état du hip hop), l'orgue drôle de "The Blues Part I", le majestueux "Bachelor of Science", ou "Sleep Apnoea", la gemme absolue, une plage bâtie autour d'un piano (un sample déjà entendu sur le quatrième album de Cypress Hill), terminée par un rideau de scratches et sur laquelle Buck nous décrit les affres du sommeil. Mais Vertex est d’abord un album à apprécier d’une traite et sur toute sa longueur, et l’un des plus fascinants qui soient.