Dans la chanson "Three Phase Irony", Alias incarne un homme de 43 ans, un de ceux qui travaillent en costume, et regarde sa vie avec dépit. L'ambiance est sombre et touchante. Beauté désabusée. Les loops de batterie couvrent presque le phrasé nerveux d'Alias, laissant juste respirer une ou deux lignes fortes. Considéré comme un bien meilleur producteur que rappeur, Alias nous avait pris à contre-pied avec le titre "Watching Water" sur la compilation Anticon Giga Single ou avec son travail à l'intérieur de So Called Artists. La production de ce double EP est plus sombre que celle de "Watching Water". La batterie domine des samples discrets. Les boucles de piano ou de flûte sont absentes ou noyées. Le remix de "Divine Disappointment", dont la version originale se trouve dans Music for the Advancement of Hip Hop, la première compilation Anticon, utilise un pattern hip-hop qui sonne played out de ce côté de l'Atlantique.
"Bottle of Humans" est un titre que j'adore et forcément, le remix que l'on trouve sur ce double EP est un peu agaçant à la première écoute. Alias a gardé le sample ralenti de vieux bluesman, enlevé les violons, ajouté un cri de hibou (?), ralenti le tempo. Moins efficace que la version originale, ce remix laisse Sole presque seul. Ce type n'a pas besoin de violons derrière lui. Ca remue dans le bas de mon ventre, ça doit être ça, l'émotion. Je me souviens de la première fois que j'ai écouté "Bottle of Humans". Un choc. Finalement c'est ce remix que je réécouterai quand je voudrai me souvenir du choc que j'ai ressenti ce jour-là.
"Savior" était un titre que je n'aimais pas trop sur Music for the Advancement of Hip Hop. Il était évident que la production d'Anomoly ne collait pas trop aux textes. Ce troisième remix du EP est selon moi le plus radiophonique. Tempo rapide et puis Slug... le meilleur. Non non... Eyedea est le meilleur. Qu'est-ce que je dis... Sole Is the Best... et puis Slug...
Pour en finir avec la logique du "ah je préfère l'originale" ou "ah je préfère le remix", personnelement, je préfère l'originale de "We Ain't Fessin".
La dernière partie de ce double EP démarre avec "Quitting Time", un titre qui rappelle tout particulièrement DJ Shadow. Cette dernière partie parait finalement plutôt plate, surtout si l'on a déjà tout écouté de Shadow, Krush ou Vadim. Pas désagréable à écouter dans une position allongée tout de même.
Au final, ce Three Phase Irony s'installe dans la norme Anticon, riche en émotions et en contrastes, mais ne nous étonne pas. Paradoxalement, seuls les remixes ("Savior" et "Bottle of Humans") créent cette surprise à laquelle Alias nous avait habitués. Ceci dit, ce double EP sombre fonctionne comme un bon trailer pour le LP à venir.